Le burn rate désigne le taux auquel une start-up dépense son capital-risque pour couvrir les frais généraux avant de générer des flux de trésorerie positifs grâce à ses opérations. Les start-up et les investisseurs utilisent couramment cet indicateur pour déterminer la durée pendant la laquelle une entreprise peut continuer à fonctionner avant de devenir rentable ou de nécessiter un financement supplémentaire.
Les start-up doivent surveiller leur burn rate. Tandis que d’autres indicateurs sont axés sur la performance des offres auprès des clients, le burn rate est centré la durabilité de l’entreprise elle-même. En 2023, 32 % des fondateurs ont déclaré craindre un épuisement de leur trésorerie. Ce document fournit aux start-up toutes les clés pour bien comprendre leur burn rate, souligne l’importance de ce dernier et à suggère des moyens de l’améliorer.
Sommaire de cet article
- Comment calculer le burn rate
- Comment les start-up utilisent le burn rate
- Comment les investisseurs utilisent le burn rate
- Comment maîtriser et réduire le burn rate
- Quelques chiffres sur le burn rate
- Comment le burn rate évolue-t-il d’un cycle de financement à l’autre ?
- Conséquences d’un burn rate élevé sur le long terme
Comment calculer le burn rate
Avant de pouvoir maîtriser leur burn rate, les entreprises doivent le déterminer avec précision. Découvrons le calcul des deux principaux types de burn rate.
Burn rate brut
Le burn rate brut désigne le montant total des liquidités qu’une entreprise dépense chaque mois. Il comprend les coûts d’exploitation tels que les salaires, les loyers, les frais d’eau et d’énergie, le marketing et d’autres dépenses.
Calcul : Total des décaissements mensuels = burn rate brut
Par exemple, si une start-up dépense 50 000 $ en salaires, 10 000 $ en loyers, 5 000 $ en eau et en énergie et 15 000 $ en marketing au cours d’un mois, son burn rate brut serait de :
50 000 $ + 10 000 $ + 5 000 $ + 15 000 $ = Burn rate brut de 80 000 $
Burn rate net
Le burn rate net permet d’avoir une vision plus nuancée des revenus de l’entreprise. Il indique le montant net des liquidités que l’entreprise perd chaque mois.
Calcul : Total des décaissements mensuels - Total des revenus mensuels = Burn rate net
Par exemple, si la même start-up génère 20 000 $ en revenus mensuels, le burn rate net serait le suivant :
80 000 $ - 20 000 $ = Burn rate net de 60 000 $
Comment les start-up utilisent le burn rate
Voici comment les start-up tiennent compte du burn rate dans le cadre de leur planification stratégique et de leur valorisation :
Affectation des ressources : Le burn rate aide les start-up à voir où elles dépensent de l’argent. Le burn rate indique les fonctions de l’entreprise qui épuisent la trésorerie trop rapidement, et permet donc aux entreprises de privilégier les dépenses qui génèrent de la croissance.
Stratégie d’investissement et valorisation : Le burn rate aide les investisseurs à évaluer la piste de trésorerie (runway) et les besoins de financement d’une start-up. Lorsqu’une start-up dispose d’un runway plus court, elle présente un risque plus élevé d’épuisement de la trésorerie et accentue le scepticisme des investisseurs. À l’inverse, un burn rate durable bénéficie à la valorisation d’une start-up, car il témoigne d’une bonne gestion financière et inspire confiance quant à son avenir.
Évaluation de la stratégie de croissance : Les experts analysent le burn rate au regard d’indicateurs de croissance tels que le coût d’acquisition client (CAC), la valeur à vie des clients (CLTV) et la croissance des revenus pour apprécier l’efficacité des stratégies de croissance. Un burn rate élevé peut se justifier dans le contexte d’une croissance et d’une capture de marché rapides, mais si les indicateurs de croissance sont également faibles, il peut être symptomatique d’un modèle économique défectueux.
Planification : Les start-up utilisent le burn rate pour planifier une variété de scénarios. En évaluant les conséquences de différentes situations sur leur trésorerie, elles peuvent être mieux préparées et faire des choix judicieux, quelles que soient les circonstances.
Signal envoyé au marché : Le burn rate constitue un signal qu’une start-up envoie au marché quant à sa maturité et son positionnement stratégique. Par exemple, un burn rate en baisse conjugué à des revenus en hausse peut témoigner d’une phase de développement réussie, et permettre à une start-up de nouer des partenariats et de bénéficier de conditions d’investissement plus favorables.
Recrutement et rémunération : Le burn rate influe sur le recrutement et les rémunérations, car il permet de déterminer la masse salariale qu’une start-up peut atteindre sans épuiser sa trésorerie.
Comment les investisseurs utilisent le burn rate
Lorsque les investisseurs examinent le burn rate d’une start-up, ils ne se limitent pas au chiffre lui-même. Voici ce que le burn rate raconte aux investisseurs à propos d’une start-up :
Durabilité : Les investisseurs examinent le burn rate pour déterminer combien de temps la start-up peut continuer à fonctionner avant de nécessiter d’autres financements. Plus vite une start-up dépense son argent, plus vite elle s’expose à des problèmes. Un rythme de dépenses plus lent indique que l’entreprise peut continuer à fonctionner plus longtemps sans financement supplémentaire.
Compétences financières : La façon dont une start-up dépense son argent témoigne de la qualité des décisions financières prises par ses dirigeants. Un burn rate élevé peut indiquer que l’entreprise dépense trop sans raison valable, tandis qu’un burn rate équilibré suggère que l’entreprise dépense judicieusement. Les investisseurs aiment les équipes qui effectuent des dépenses réfléchies pour développer l’entreprise.
Trajectoire de croissance : Les investisseurs veulent être certains que l’argent dépensé par la start-up l’aide réellement à se développer. Une entreprise qui dépense beaucoup, mais ne se développe pas, envoie des signaux négatifs. À l’inverse, une entreprise qui se développe tout en maîtrisant ses dépenses envoie un signal positif aux investisseurs.
Valorisation : Si une start-up est susceptible d’avoir bientôt besoin d’argent parce qu’elle dépense trop, elle risque d’avoir une faible valeur aux yeux des investisseurs. Une entreprise qui gère bien son argent sera peut-être mieux valorisée.
Stratégie de marché : Les investisseurs utilisent le burn rate pour voir comment la start-up tente de se positionner sur le marché. Ils cherchent à déterminer si les dépenses de l’entreprise sont alignées sur les objectifs de celle-ci, par exemple acquérir des clients ou se développer rapidement dans son secteur.
Comment maîtriser et réduire le burn rate
Les start-up doivent connaître leur burn nate et s’efforcer de le réduire en toutes circonstances. Voici plusieurs moyens de gérer et de réduire le burn rate de votre entreprise :
Accélération des revenus : Privilégiez les stratégies visant à augmenter vos revenus, p. ex. la recherche de voies de mise sur le marché plus rapides pour vos produits ou l’amélioration des processus de vente. Une augmentation des revenus peut vous permettre d’équilibrer votre burn rate et d’allonger votre runway.
Examen des dépenses : Passez régulièrement en revue les dépenses et évaluez la valeur qu’elles génèrent. Autrement dit, examinez tous les coûts, des abonnements aux logiciels aux campagnes marketing, et déterminez s’ils favorisent la croissance.
Recrutement stratégique : Privilégiez les fonctions qui contribuent directement à la croissance ou aux revenus, reportez les recrutements non essentiels et envisagez des embauches à temps partiel ou intérimaires pour pourvoir les postes vacants sans les engagements de rémunération propres au temps plein.
Optimisation des opérations : Recherchez continuellement des moyens de simplifier vos opérations. Automatisez les tâches répétitives, améliorez les opérations logistiques ou trouvez des moyens plus rentables de fabriquer votre produit ou service.
Prévisions financières : Évaluez plusieurs scénarios financiers afin d’anticiper d’éventuels déficits de trésorerie. Connaître les effets que les différentes décisions ou conditions de marché peuvent avoir sur le burn rate permet aux start-up de faire des choix plus éclairés.
Suivi des indicateurs clés de performance (KPI) : Surveillez de près les KPI qui ont un impact direct sur le burn rate, tels que le coût d’acquisition et la valeur à vie des clients. Identifiez les domaines à améliorer et ajustez vos stratégies en conséquence.
Adaptation du modèle économique : La réduction du burn rate nécessite parfois des changements plus radicaux, p. ex. un recentrage du modèle économique autour de produits ou services plus rentables, ou le passage à un modèle d’abonnement pour des revenus plus prévisibles.
Culture de discipline financière : Développez une culture de discipline financière et de rentabilité au sein de votre entreprise. Examinez le retour sur investissement potentiel de chaque dollar dépensé.
Utilisation de la technologie et de l’innovation : Adoptez de nouvelles technologies ou des approches innovantes pour réduire les coûts. L’utilisation de services basés sur le cloud peut permettre d’éviter l’achat d’appareils coûteux, tandis que l’adoption du télétravail peut réduire les coûts liés aux espaces de bureaux.
Financement stratégique : Déterminez quand et comment lever des fonds supplémentaires. Obtenez des capitaux avant qu’ils ne deviennent nécessaires pour ne pas être contraint de lever des fonds à des conditions moins favorables, ce qui peut avoir un effet négatif sur le burn rate et diluer la propriété.
Quelques chiffres sur le burn rate
Le burn rate varie d’un type de start-up à l’autre ; les burn rates peuvent dépendre de plusieurs facteurs. Voici un bref comparatif des burn rates propres au secteur des logiciels en tant que service (SaaS), tiré du rapport 2023 SaaS Benchmarks Report d’Openview, de quoi vous donner une idée des écueils couramment rencontrés par certaines entreprises.
Pourcentage de revenus récurrents annuels (ARR)
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Taux mensuel d'absorption médian
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< 1 million de dollars | 50 000 $ |
De 1 à 5 millions de dollars | 175 000 $ |
De 5 à 20 millions de dollars | 175 000 $ |
De 20 à 50 millions de dollars | 113 000 $ |
> 50 millions de dollars | 175 000 $ |
Comment le burn rate évolue-t-il d’un cycle de financement à l’autre ?
Le burn rate d’une start-up évolue généralement d’un cycle de financement à l’autre, en fonction de l’étape de croissance, des objectifs et des conditions du marché. Voici comment le burn rate varie généralement d’un cycle de financement à l’autre.
Étape Seed : À ce stade précoce, les start-up se concentrent généralement sur le développement de produits, les études de marché et l’établissement d’une clientèle. Le burn rate peut être relativement faible, car l’équipe est réduite et la plupart des dépenses se limitent au développement des produits et aux premiers tests sur le marché. Cependant, les revenus étant inexistants ou presque, même des dépenses modiques peuvent constituer un burn rate élevé par rapport aux réserves financières de l’entreprise.
Série A : Au moment où une start-up atteint la série A, elle dispose normalement d’un produit validé et a commencé à gagner du terrain. L’accent est mis sur le développement du produit, le renforcement de l’équipe et l’acquisition de parts de marché. Le burn rate augmente généralement à mesure que l’entreprise investit dans le recrutement, le marketing, les ventes et le développement de produits. Ces investissements ont pour objectif d’alimenter la croissance, et de commencer ainsi à compenser progressivement le burn rate.
Série B et étapes ultérieures : Au fur et à mesure que les start-up progressent vers la série B et les tours de table suivants, elles sont généralement censées développer leurs opérations, gagner des parts de marché, voire se développer à l’international. Ces étapes peuvent entraîner une augmentation du burn rate en raison d’investissements importants dans l’augmentation des effectifs, les efforts marketing et commerciaux, le développement à l’international et d’éventuelles acquisitions. À ce stade, la croissance des revenus est dans l’idéale égale ou supérieure à l’augmentation du burn rate, ce qui permet à l’entreprise d’atteindre la rentabilité ou au moins de l’envisager.
Après l’introduction en bourse ou stade avancé : Une fois qu’une start-up atteint un stade avancé de financement ou entre en bourse, son burn rate est de plus en plus surveillé par les investisseurs en bourse et les parties prenantes. L’accent est souvent mis sur la rentabilité, l’amélioration des opérations et la mise en avant de la pérennité financière. Le burn rate est surveillé de près et sa réduction peut devenir un enjeu, surtout si les conditions du marché sont difficiles ou si l’entreprise ne répond pas aux attentes de croissance.
Tout au long de ces étapes, des facteurs externes tels que les conditions du marché, le ressenti des investisseurs et les tendances macroéconomiques peuvent également influer sur le burn rate d’une start-up. Dans un marché en plein essor, les entreprises peuvent augmenter leurs dépenses pour conquérir rapidement des parts de marché, tandis qu’une période de ralentissement peut les amener à maintenir leur trésorerie et réduire leur burn rate.
Conséquences d’un burn rate élevé sur le long terme
Un burn rate élevé peut entraîner plusieurs conséquences sur le long terme. Voici ce qu’il peut advenir d’une entreprise qui dépense constamment plus qu’elle ne gagne sans disposer d’une feuille de route claire vers la rentabilité :
Épuisement des réserves de trésorerie : Le risque le plus immédiat d’un burn rate élevé est le déficit de trésorerie. Si une start-up n’est pas en mesure d’augmenter ses revenus ou d’obtenir des financements supplémentaires, elle risque de manquer d’argent et de devoir licencier, réduire ses effectifs, voire cesser ses activités.
Financement supplémentaire non garanti : Les investisseurs sont généralement prudents lorsqu’il s’agit de financer des start-up dont le burn rate est élevé, sauf si elles disposent d’un plan viable pour atteindre la rentabilité. Un burn rate historiquement élevé qui ne s’accompagne pas d’une croissance du même acabit risque de dissuader les investisseurs et de limiter la capacité de la start-up à lever des fonds à des conditions favorables.
Valorisation réduite de l’entreprise : Un burn rate élevé peut entraîner une baisse de la valorisation de l’entreprise lors des levées de fonds. Les investisseurs peuvent juger que l’entreprise présente des risques, ce qui peut entraîner une baisse de sa valorisation et une dilution accrue de son capital.
Changements ou tournants stratégiques forcés : Pour gérer un burn rate élevé, une start-up peut être amenée à changer radicalement de cap, ce qui peut perturber le développement de ses produits, son positionnement sur le marché et les relations avec ses clients. Ces changements peuvent diluer la marque et la proposition de valeur fondamentale de l’entreprise.
Contraintes opérationnelles : Un burn rate constamment élevé peut obliger une start-up à réduire ses coûts dans des domaines tels que la recherche et le développement, le marketing et les opportunités d’évolution des employés. Cela peut freiner l’innovation et la croissance et avoir des effets défavorables sur la culture d’entreprise.
Perte de talents : Les travailleurs qualifiés peuvent hésiter à rejoindre dans une start-up dont le burn rate est élevé, ou à y rester. La perte de talents clés peut limiter la capacité d’une start-up à concrétiser son business plan et à innover.
Augmentation de la pression et du stress : Des burn rate élevés peuvent créer un environnement stressant pour l’équipe, avec une pression accrue à la performance et une anxiété constante concernant la sécurité de l’emploi. Cela peut affecter la productivité, le moral et le bien-être général des employés.
Réduction de la durabilité : Un burn rate élevé remet en question la pérennité d’une entreprise. À défaut d’aligner ses dépenses sur des projections de croissance réalistes et une voie vers la rentabilité, une start-up met en jeu sa viabilité à long terme.
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